Ne nous etandons par sur Durres : rien a part les ruines d'un ancien batiment romain (amphitheatre ?) pas mis en valeur, et quelques metres de remparts encore debout.
Passons.
Je continue de descendre vers le Sud, et a Fier, je quitte la route principale pour couper directement vers la Grece, en passant par Tepelene. Si vous ne voyez pas ou c'est, je vous renvois a la carte d'europe sur les premiers messages du mois d'avril.
A partir de la, beaucoup de choses changent. Il faut d'abord savoir que la moitiee des habitants du pays vivent a la campagne : petites exploitations et variation des cultures et de l'elevage. Le decors s'en ressent, et je traverserai jusqu'a la frontiere un joli paysage aux couleurs fauves, jaunes, ou marron, dans une plaine de bocage bordee de montagnes dont la roche passe du bleu sombre le matin, au marron/blanc dans la journee, puis au rose le soir. Bucolique, champetre, sympa quoi.
Les gens aussi, sont d'un abord agreable, et je dors dans les champs a poings fermes, contrairement au montenegro ou j'avais toujours un oeil ouvert. Comme d'habitude pour ce genre de situation, la vie ici est dure, mais simple : les bergers passent la journee a l'ombre pour garder 3 vaches ou 10 pintades, les jeunes proposent comme en ville de laver les voitures (a noter que tout le monde passe son temps a laver les voitures ici ! completement dingue ! Je trouve une station de "Lavazh" tous les km !), et je ne vois que quelques vieux tracteurs : tout est encore fait a la main, a l'aide de nombreux anes ou petits chevaux.
Cependant, le moindre village apporte comme en ville ses decharges et sa polution : je ne risquerais pas un orteil dans le moindre point d'eau, meme courante, de tout le pays ! Meme quand il n'y a pas de dechets en surface, je note de vastes plaques irisees signalant la presence d'huile ou d'essence dans la flotte : pas besoin de chercher loin, je trouve souvent de vieux tankers rouilles pas loin... beurk.
Ca, c'est une riviere ! Si si ! L'eau coule...dessous !
De l'eau, de la bonne, j'en ai trouve en revanche a Telepene : autrefois la capitale regionale de la region du temps de la domination Turc. Son grand homme locale est Ali Pacha (1740-1822 quelque chose comme ca) : ce charmant garcon est notamment connu pour avoir noye tout son harem dans le lac de Ioaninna (aujourd'hui en Grece)... Mais revenons a Tepelene : certe le chateau et les remparts son concerves, mais ce qui en fait sa celebrite, c'est une source d'eau tres abondante et de qualite, et tout le monde s'arrete pour y faire etape. C'est bien simple, l'eau coule a flot, de partout ! Tous les 2m, un tube sort de la roche et crache a profusion. Des restaurants se sont montes dans la foret et ont eriges des terrasses qui font descendre l'eau en cascade : pas besoin de demander au serveur, il suffit de se pencher pour avoir un verre d'eau fraiche. J'ai bien aime, d'autant que la chaleur, justement, est penible.
Plus loin, on trouve egalement Gjirokaster et peut etre le plus beau chateau de l'Albanie. Je m'y offre une nuit d'hotel pour me refaire, car la chaleur, en plus de miner le physique et le moral, me met l'estomac a l'envers... les joies du voyage...
Bref, j'arrive a la frontiere de Grece au passage de Kakavie. Pas de lezards, mais un detail me frappe : c'est vert ! Je me retourne et prends une photo : les montagnes albanaises, les champs, bref, tout le pays est marron. Une frontiere politique, un grillage, rien en fait, et tout est vert de chez vert cote grec ! Quelqu'un a l'explication ?
Vous voyez les montagnes en arriere plan ? C'est l'Albanie. Devant, en vert, c'est la grece...
Vert = vegetation = arbres = ombre (au moins de temps en temps) C'est donc un poil plus confortable et j'arrive a Ioaninna en 2 jours. La, je me pose une journee le temps de trouver une bonne carte de la grece et de preparer la suite.
Autre confort : les gens conduisent a nouveau normalement ! Faut tout de meme reconnaitre que les Albanais conduisent comme des malpropres, preferant klaxonner comme des demeures plutot que de freiner, ralentir, ou tout simplement eviter de doubler dans les virages...
J'ai egalement retrouve en passant cette frontiere la peur de "l'albanais" :
- Bonsoir, c'est possible de dormir dans le champs en face, la ? Je gene personne ?
- Non non, mais il ne vaut mieux pas se mettre la.
- Pourquoi ? il y a un probleme ?
- Ben, les sans-papiers albanais ont l'habitude de passer par la pour entrer en Europe. Reste plutot pres du batiment, la ou on peut te voir.
Comme en Slovenie, comme en Croatie ou au Montenegro, l'albanais fait peur. Sa reputation est execrable (mafia, systeme D, reseau...).
Apres y avoir passe 2 semaines, je souhaiterais tout de meme dire un mot pour les Albanais. Je ne sais pas ce qu'ils valent a l'exterieur, mais chez eux, il faut distinguer ceux des villes et ceux des champs. En ville, il faut bien avouer qu'a part 10% de la population qui se debrouille (on se demande parfois comment), le reste survie, et les jeunes tachent surtout de gagner les 6 ou 7000 euros necessaires au passage en Europe. Tous les moyens sont bons pour ca, et meme si les gens sont souriants et discutent volontier, c'est pas ideal. Mais je me met a leur place : je crois que moi aussi, connaissant le monde exterieur par la tele, je ferais tout mon possible pour me tirer d'ici ! Surtout quand l'oncle ou le grand frere revient au pays 5 ans plus tard avec les poches pleines. A la campagne, en revanche, c'est tres different : la vie coule doucement, comme autrefois, les gens sont simples, tranquilles, et certains nerveux de chez nous feraient bien de prendre exemple sur leur bon sens.
Ne mettons donc pas tous les Albanais dans le meme sac.
mardi 26 août 2008
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1 commentaire:
Le recul avec lequel tu analyses la situation des albanais fait plaisir à lire.
Continue, explique nous.
Nous t'embrassons, garde toi bien
La sib do
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