L'inde, c'est tout de meme particulier...
Selon l'humeur, on peut le prendre de deux facons :
- c'est tres fatiguant, mais il y a regulierement un petit quelque chose qui empeche de classer definitivement l'Inde dans les pays detestables.
Ou alors a l'envers :
- Il y a des choses a voir, mais c'est vraiment trop la prise de tete dans cet horrible pays.
Ca depend des jours.
Bon autant le dire clairement : la societe indienne du 21eme siecle me sort par les trous de nez !!!
Mais de temps a autres, je decouvre de petites choses que je suis bien oblige de trouver belles malgre l'envie que j'ai de tout envoyer au diable. Je passe des journees entieres a ruminer dans ma tete toutes sortes de recriminations, et soudain, au detour d'un virage, un Sadhou assis sous un arbre me donne une benediction avec un grand sourire comme seuls savent sourire ces gens-la... Et le soir, cette impression disparait sous une nouvelle vague de soucis : pas d'endroit ou dormir, prise de tete avec un indien, ou n'importe quoi d'autre... C'est fatiguant.
L'inde a bien des visages :
Il y a l'Inde des touristes. J'ai le souvenir d'un clip publicitaire apercu au Pakistan : un touriste occidental fait des promenades dans les deserts, dans les montagnes enneigees, dans la jungle a dos d'elephant, il voit des tigres, de beaux palais, il fait la fete a New Delhi, et quand vient le moment d'envoyer une carte postale, submerge par tous ces beaux souvenirs, il se contente d'ecrire "Incredible India".
C'est vrai, ca existe. Il est possible d'aller en Inde, de ne voir que ces merveilles et rentrer chez soi au bout de 15 jours en disant :"L'Inde, c'est magnifique !!!". Ceux qui disent ca chez nous ont raison.
Mon probleme, c'est que ce n'est pas du tout cette Inde-la que j'arpente. Celle que je traverse, c'est l'Inde des indiens, pas celle des touristes. C'est l'Inde de l'injustice sociale, du racisme, de la misere, de la pollution la plus ehonte. C'est celle de la surpopulation, celle qui fait travailler les enfants et disparaitre les femmes (800 a 900 femmes pour 1000 hommes en UP - statistiques officielles 2001 !), celle de la mendicite, de la mutilation, et de l'absence totale de suivi medical, celle de la petite l'industrie et de l'artisanat, celle qui possede une bombe atomique mais pas de camion-poubelle, celle qui a un sous-marin nucleaire mais ignore l'usage d'un retro-viseur... Tout ce que ni les guides touristiques ni les reportages ne signalent aux touristes.
Et cette societe-la me flingue.
Mais il faut encore faire une distinction entre la ville et la campagne... Car c'est valable aussi ici.
Toujours pareil, la ville est definitivement insupportable, mais la campagne se rachete par un peu de calme (un peu seulement) et plus de gens cordiaux car moins accoutumes aux etrangers.
Globalement, l'Inde, je m'y sens aussi mal qu'au Montenegro. Mais le Montenegro n'avait dure que 6 jours... Aaaargh...
C'est encore a la campagne que je vois quelques belles choses : apres la saison des pluies, il y a plein d'etangs et de mares couverts de nenuphars en fleurs. J'y trouve des perroquets vert et bleus, des grues a cretes et toutes sortes d'echassiers, et sur la route, je trouve plein d'animaux avec leurs petits : des singes (macaques), des mangoustes... Tout cela evoluant toujours dans un cadre de verdure avec beaucoup d'arbres qui donne de l'ombre...
Comme l'Inde serait belle et agreable sans les indiens... car j'ai a peine le temps de decouvrir le joli decor que les camions m'explosent les oreilles a coup de trompes, les motos cherchent a m'ecraser, et un %&} de @#$% de sa [censure] me manque de peu en crachant sa chique.
Les indiens me fatiguent.
Et c'est comme ca tous les jours.
Je parlais des camions : j'ai pu verifier car la ligne de chemin de fer suit regulierement la route. Ils ont des klaxons dont la puissance sonore equivaut a celle d'une trompe de locomotive ! Quand je dis que ca m'explose la tete, c'est a prendre au premier degre, car je suis a deux metres ! De meme qu'en Turquie, j'avais appris a marcher avec un parapluie au bout du bras pendant des heures, de meme en Inde, j'apprends a mercher en me bouchant les oreilles. J'ai l'air ridicule, je pense, mais je sauvegarde mes tympans et parfois, certains chauffeurs arretent de klaxonner en arrivant a ma hauteur...
Dans la categorie "j'aime pas l'Inde", il y a la nourriture, aussi. C'est une loterie. A chaque repas, c'est pile ou face : digestion normale ou pas ? Plusieurs fois je fini allonge pour la journee, l'estomac a l'envers... Pas grave, mais genant, et puis ca prend encore de l'energie, je saute des repas... En fait, mis a part dans les hotels a touristes, l'hygiene est celle que nous avions au moyen-age, alors forcement...
La derniere fois, alors que j'etais completement a plat, j'ai croise quelqu'un dans un village qui m'a invite a prendre le the. Comme je ne me sentais pas bien, il m'a donne une table et une couverture pour que je dorme un peu. Et il voulait aussi me donner a manger... Tout cela avec un grand sourire et une spontaneite touchante !
Je n'arrive pas a maudire l'Inde et les indiens. Mais je n'arrive pas a l'aimer non plus. J'ai envie de changer de pays, pour l'instant. En finir. Qu'elle est loin l'Inde de Gandhi, son Inde "des 500 000 villages", campagnarde et mystique, simple et honnete... Dire que leurs ancetres ont invente le Yoga, le Bouddisme, et tant d'autres belles choses...
Et pourtant, malgre tout ce que j'ai a leur reprocher, l'honnettete m'oblige a reconnaitre qu'il en reste encore bien des vestiges...
Un retour de 4000 ans en arriere confirme un peu plus tard le meme jour par cet autre paysan qui utilise... une araire en bois ! Mais oui...
Tout le long du fleuve, sur la rive ouest, s'enchainent les "Gaths", ces escaliers qui descendent dans l'eau pour permettre aux pelerins de s'y baigner. L'endroit est plein de Sadhous, de pelerins, et de touristes, et toute la ville est tres animee. C'est la premiere ville que je trouve interessante, car elle a conserve ses anciens palais au bord du fleuve, et tout son vieux centre-ville consitue d'un labyrinthe d'etroites ruelles ou ne peuvent s'engager les vehicules. Beaucoup de batiments anciens, des temples dans tous les coins, et vue de dessus, c'est une succession de terrasses et de parapets, domaine des singes et des enfants qui jouent le soir avec des cerf-volants. C'est plein de cerf-volants, le soir, des dizaines de petits carres de tissus qui s'agitent au milieux des oiseaux.
