mercredi 8 juillet 2009

Une fin de parcours difficile

L'Ouzbekistan m'aura reserve une derniere etape inattendue.
Apres Samarcande, je suis remonte sur Tashkent. Une marche plutot agreable de 6 jours, durant lesquels j'ai croise d'autres francais voyageant a velo. Une fois de retour dans la capitale, j'ai depose une demande pour un visa Kirghiz, l'idee etant de contourner le Pakistan en passant par Osh (deuxieme ville du kirghizistan, au Sud-Ouest).
Ayant choisi un formulaire en mode "normal", j'avais 8 jours devant moi avant de le recuperer.
Il y a un mode "express" qui permet de le recuperer en deux jours,mais il est beaucoup plus cher. Quand au mode "bakshish" employe par un Suisse juste derriere mois au consulat, il permet de l'obtenir dans la journee... pour un prix encore superieur, bien sur.
Je decide de passer ces quelques jours a marcher vers la frontiere.
Je quitte donc Tashkent en debut d'apres-midi, et commence cette derniere ligne droite en Ouzbekistan. Les deux premieres nuits, je trouve a point nomme un restaurant ou des clients m'invitent a dormir chez eux. Des gens vraiment gentils qui m'auront bien rendu sevice !
La troisieme, je la passe a Angren. J'aurais pu aller beaucoup plus loin ce jour-la, mais quelques abricots manges la veille m'ont retourne les intestins, et la chaleur aidant, je ne me sens pas en etat pour continuer l'apres-midi. Une petit etape de 30 km, donc.
Je trouve un hotel pas cher (dortoir a 3000 CYM = moins de 2 dollars), et j'ai la surprise de voir debarquer 1 heure plus tard 2 francais que j'avais croise a Samarcande : je passe donc une bonne soiree en leur compagnie. Ils m'expliquent qu'ils reviennent de la vallee de Ferghana, et ont parcouru la route qui m'attend. Ils m'avertissent que la zone est sur-militarisee et qu'ils ont bien failli se faire voler leur telephone portable par un policier. C'est leur chauffeur ouzbek qui a donne de l'argent au flic pour le recuperer...
Le lendemain, je decolle vers 6H, frais et dipo. La route monte, je trouve les premieres montagnes, et quelques pics enneiges au loin contrastent avec le paysage plat que j'avais arpente jusqu'a present.
La route suit une riviere, et je passe ma pose coutumiere de l'apres-midi au frais, a l'ombre d'un arbre au bord de l'eau. Super agreable.
Et je repars.
Je n'ai pas fais 5 km que j'apercois un nouveau poste militaire. J'en ai deja vu plusieurs depuis ce matin, mais n'ai pas eu d'ennuis jusqu'a present. Juste un controle de passeport.
J'ai en memoire l'avertissement d'hier. Je sens la tuile, et retire la carte memoire de mon appareil photo pour la mettre dans ma poche.

Ca ne rate pas. Arrive a hauteur du poste, un garde m'arrete. Il commence par reclamer mon passeport, puis appelle son chef. Un excite debarque et commence a me prendre la tete en me lancant des regards noirs. Des le depart, je deteste ce type.
Il m'ordonne en criant comme si j'etais sourd de deposer mes sacs par terre, puis de m'eloigner : je m'eloigne, et il gueule encore plus fort : je suis trop loin, je dois me rapprocher. Faudrait savoir !
Ensuite, il me fait tout un cinema, m'ordonne de lever les mains, de me mettre de profile, et comme je n'obeie pas, il pete un cable, me met de force en position, et retourne au sacs. Une voiture arrive sur le petit chemin du poste, et mon excite-en-chef la hele au passage. Je profite de la diversion, remet mes mains dans mes poches et me rapproche de mes affaires : hors de question de les perdre de vue. L'imbecile ne s'en offusque meme pas, comme quoi tout son cinema... n'est bien que du cinema.
Commence alors la fouille des sacs. Deux autres soldats arrivent, et le furieux les eloigne. Je saisi le mot "bomba" dans son discours... La seule chose qui risque de lui sauter a la figure, c'est l'odeur de mon T-shirt sale ! Enfin bref.
Je note en revanche, qu'un soldat a recupere mon appareil photo, mais je le vois le remettre dans le sac. Quand a ma liasse de monnaie, ils n'y touchent pas. OK, me dis-je, c'est juste un controle un peu penible.
On me rend mes sacs, on me fait monter dans la voiture avec Crazy-man et son sous-fifre, et ils m'emmenent 300 metres plus loin au bureau du chef-en-chef. Le goujat me plante a la porte avec 5 gardes et disparait, toujours avec mon passeport.
Longtemps apres, il revient avec son superieur. je me dis que je vais pouvoir dialoguer intelligemment avec un grade qui a surement appris a lire, mais je dechante immediatement lorsque celui-ci me demande, passeport en main, si je suis francais... La, c'est mal barre.
Ils tente vainement de dialoguer avec moi, mais comme je ne comprend pas le russe et que leur manieres me deplaisent, je decide d'arreter de cooperer et de ne plus comprendre que l'anglais ou le francais.
Apres quelques palabres inutiles, on me fait monter dans un camion (une ruine sovietique d'au moins 30 ans d'age) qui va me ramener en compagnie du chef-en-chef jusqu'a... Angren. Et zut.
Une fois la-bas, on me fais patienter avec le chauffeur pendant des plombes jusqu'a la nuit tombee. J'en profite pour verifier mes sacs... Et constate la disparition de mon appareil photo. Et m......... Je suis pourtant sur d'avoir vu le soldat le remettre dans le sac ! C'etait le fils de David Copperfield ou quoi ?
Finalement, je suis conduit jusqu'au batiment principale de l'armee en ville.
Je tombe alors sur un ouzbek parlant un bon francais qui se presente comme traducteur. Chouette ! Il me presente quelques personnes devant la grille, et si j'ai bien compris, mon chef-en-chef (4 etoiles sur chaque epaulette) n'est qu'un roquet au garde-a-vous a cote de ces gens.
Tant mieux. Je bloque tout net et refuse d'entrer. Je reclame le droit d'appeler mon ambassade. Et la tout d'un coup, je vois tout le monde se faire tres doux et gentil avec moi...
Non mais quelle buse je fais moi ! Pourquoi n'ai-je pas fais ca des le depart ???
je le saurai pour la prochaine fois...
Comme je ne vois pas pourquoi je serai le seul a etre embete, je refuse toujours d'entrer, et l'interrogatoire va se faire sur un banc, a la lumiere d'un reverbere.
Ces nains de jardin en uniforme se contentent de prendre quelques infos sur mon identite et mon parcours en Ouzbekistan... Tout ca pour ca ???
Ils me donnent comme excuse que ma barbe me donne un aspect inquietant... Ils m'ont donc arrete et fait tout ce cirque pour port de barbe suspect !!!!!!
L'insodable betise de ces decerebres congenitaux me surprendra toujours.

J'en profite pour me plaindre du vol de mon appareil photo. Malheureusement, la penombre ne me permet pas de profiter pleinement de la mine renfrognee de mon chef-en-chef sous les regards de reproches de son superieur. On m'assure que des recherches seront menes, etc, etc...

Bref, j'ai paume mon troisieme appareil photo.
La crise.

Ecoeure, je rentre a Tashkent pour recuperer mon visa kirghiz. Je prends le bus demain pour la frontiere... Il ne manquerait plus qu'elle soit fermee !

3 commentaires:

Unknown a dit…

Courage, les beaux jours vont arrivés avec de belles rencontres.
A bientot sur ton blog
Coralie

Anonyme a dit…

Je te l'accorde : les policiers ouzbeques sont curieux : "port de barbe suspect", moi j'aurai plutot parlé le "port de chevelure suspect" typé chrétien en pays musulman................question d'opinion !.
Garde toi bien
Bonne route
Lasibdo

Anonyme a dit…

Salut Gauthier!
C'est dommage pour ton appareil photo, mais quelle bonne idee tu as eu de mettre la carte mémoire dans ta poche!
Bonne route

Christiane, Damien , Ethan et Eliot