mardi 28 avril 2009

Tabriz

Au programme : visiter un peu, dormir, reparer ou acheter un nouvel appareil photo, dormir, changer de chaussures, dormir, alleger le sac, dormir, trouver une carte d'Iran convenable, et surtout dormir............
L'hospitalite, c'est bien, mais je me couche chaque fois tres tard et me leve tres tot, et la fatigue s'accumule.

Je prevoyais de m'arreter dans cette ville une journee pour me reposer, mais le reparateur d'appareil photo me demande 2 jours... Je reste donc plus longtemps. Je trouve ma carte d'Iran, j'allege mon sac en envoyant un colis en France, j'achete une paire de rangers dans un rebus de l'armee iranienne, et je me promenne...

Tabriz est une grosse fourmiliere de plus d'un million d'habitants (1,3 je crois). Ce n'est pas la plus fameuse destination d'Iran, mais c'est une citee tres ancienne, dont le Grand Bazar, enregistre au patrimoine de l'UNESCO, a plus de 1000 ans ! Il est aussi grand que celui d'Istanbul, mais je lui trouve plus de charme...










Il y a aussi la Mosquee Bleue,










la Jameh Mosquee, differents musees, d'anciennes batisses... De quoi passer un bon moment. Et puis l'entree des musees ne coute que 30 centimes d'euros : voila ce que j'appelle de l'incitation a la culture !
Il y a aussi les parcs, comme le parc d'Elgoli...
C'est encore une difference que je note avec la Turquie : les parcs sont nombreux, tres frequentes, bien tenus, et fleuris... Decidemment, je trouve aux iraniens beaucoup de savoir-vivre ! J'ai aussi teste la patisserie locale... miam : ils sont doues pour les paves aux amandes et autres gourmandises du meme genre !

En me promenant dans le bazar, je fait la connaissance de Reza, un marchand de bijoux. Comme il voudrait en savoir plus sur moi, il m'invite, ferme sa boutique, et m'emmenne dans les meandre des couloirs du bazar, dans un petit cafe a Narghile, tellement bien planque que jamais je ne l'aurais trouve seul. Il m'offre le the et se fait aider pour la conversatin par un de ses amis qui parle francais. Un peu plus tard, nous sommes rejoins par un iranien accompagne d'une ... japonaise, Takahito. J'ai bien aime ce tableau : un iranien musulman, un europeen chretien, et une asiatique bouddhiste, trois cultures, trois religions, assis a une meme table, parlant paisiblement...

Comme partout, la ville differe de la campagne. Je ne compte plus les iraniens en manches courtes (Alors que j'avais lu qu'il fallait eviter), et nombre de jeunes ont les cheveux long, avec des coiffures plus ou moins rebelles. Les ecolieres affichent beaucoup plus de libertes dans leur tenue, mais je vois aussi beaucoup de mollahs en turbans, et une grande partie des femmes portent le grand voile noir qui les recouvrent de la tete au pied. C'est bete, elles ont une main prise, et certaines le retiennent avec les dents ! Pas pratique...

Rencontres

Tout d'abord un espagnol. Manuel. Je l'ai rencontre sur la route, ou plus exatement il m'a trouve sur son chemin avant d'arriver a Marand. Il voyage a velo, et va d'Istanbul a Katmandu. Il a rencontre le professeur d'arabe de Markan Lar qui lui a parle de moi, alors quand il m'a repere sur la route, il etait tout heureux de pouvoir discuter un peu. Ce type est vraiment sympa, s'emerveillant de tout, et je dois dire qu'une heure passee avec lui m'a beaucoup remonte le moral, ravivant un peu la fraicheur d'esprit que j'avais en partant de France. Je tacherai de garder a l'esprit cette joie de vivre, de decouvrir, pour ne plus me laisser abattre par de simples difficutes physiques !
Je vous invite a aller voir son blog a l'adresse suivante :
http://peacemantraveller.blogspot.com/
Je sais, c'est en espagnol, mais lui, au moins, il a un appareil photo qui marche, et vous pourrez voir les paysages que j'ai vu, puisqu'il est passe au meme moment par la meme route, notament depuis Erzurum et Horasan...

A Marand, lorsque j'arrive a l'hotel, j'ai quelques difficultes a communiquer avec le patron qui ne parle pas anglais. Celui-ci telephone a un ami (Joker !) et une voix en francais me demande de patienter 30 minutes pour qu'il nous rejoigne. Bon. Un peu plus tard arrive donc mon francophone, un vieux monsieur de 73 ans, absolument charmant et tres cultive, parlant un francais impeccable. Je vais passer 3 heures a discuter avec lui. Il a appris le francais par lui meme, pour le plaisir, par amour de la langue, du temps ou ce n'etait pas encore interdit (avant la revolution, sous le Shah). Et il profite de chaque occasion pour discuter un peu avec les touristes de passage. Il connait Victor Hugo et Lamartine, mais aussi (et ca surprend) San Antonio et d'autres auteurs nettement moins classiques : "j'essaie d'apprendre l'argo, mais c'est difficile !". J'ai adore ce bonhomme !
Si vous allez en Iran, faites donc un tour a Marand pour le voir, il vaut le detour.

Vers Tabriz...

Les montagnes enneigees ont disparu de mon horizon, et je marche dans des zones sauvages et nues entrecoupees de zones cultivees, irriguees, plantees d'arbres : c'est tres joli.

Mais les distances sont lourdes. Ca n'a decidemment rien a voir avec l'Europe. Je me rappelle qu'alors, je pouvais marcher 20 jours d'affile sans problemes, mais ici, et depuis le depart d'Istanbul, je suis claque au bout d'une semaine ! C'est beaucoup moins facile. En effet, en Europe, la ou il y a 3 maison, on trouve forcement un cafe. Et on ne fait pas 50 km sans rien trouver. Et bien ici, c'est possible. Et quand il y a un village, il n' a rien dedans, juste des maisons. Alors il faut marcher. 45, 50, 55km... Au dela, je crise. Et entre Maku et Tabriz, je termine 2 fois dans une voiture pour les derniers km...
Je sais que je peux faire 60 km, mais quant a enchainer ces distances tous les jours, sans veritable pause - car le soleil ne s'arrete pas, lui -, c'est different. Je crois qu'il faut que je m'entraine encore, je dois etre trop faible physiquement et mentalement. Apres tout, si d'autres l'ont fait, je dois pouvoir aussi...

Quoiqu'il en soit, j'avance. Apres avoir ete heberge comme un prince a Markan Lar, j'arrive peu avant la nuit dans la ville suivante. On me dit qu'il y a un hotel, mais je ne trouve que des restaurants... Alors que je marche sur le bord de la route, un type sort de son garage de pneumatique et m'invite a prendre le the. Il n'est pas seul, mais aucun des 3 comperes ne parle anglais et la conversation tourne rapidement au n'importe quoi. J'ai alors la surprise de voir l'un d'eux sortir une boulette de haschich et m'en proposer !
Mais bien sur, Arthur !
Je vide mon verre de the, remercie, et me tire en vitesse.
10 minutes plus tard, toujours a la recherche de mon hotel fantome, je tombe sur une voiture de police qui s'arrete a ma hauteur : c'est la troisieme fois que je la vois aujourd'hui, alors forcement ils allaient bien finir par s'arreter. Je profite du controle pour demander le chemin de l'hotel :
- Monte, on va te conduire.
Et me voici assis dans la voiture de police, a cote d'un trouffion arme juqu'aux dents, derriere un officier et son enseigne. Ils s'arretent devant l'un des restaurants que j'avais deja vu et discutent un peu avec le patron. J'apprends que je vais dormir la. En fait, s'il n'y a pas d'etages, ca fonctionne un peu comme un caravenserail : une grande piece commune pour la restauration, la cuisine, et tout autour, des petites pieces avec un tapis au sol. C'est la que dorment les routiers de passage.
Je passe une bonne soiree avec eux, certes tres differente de la precedente, mais j'ai affaire cette fois a des gens qui sortent regulierement de l'Iran et qui ont vu toutes les differences de chaque pays, de l'Europe de l'Est au Pakistan. La conversation est beaucoup plus libre. L'un d'eux est fan de Karl Marx, l'autre milite pour l'independance du Kurdistan... je vois de tout.
Je suis a nouveau tres bien traite par le patron qui refuse que je lui paye le gite et le couvert. Decidemment, l'Iran, ca me plait.

lundi 27 avril 2009

L'Hospitalite Iranienne

Apres Maku, direction Tabriz. Distance : environ 250 km.

Je prends la route (il n'y en a qu'une) sans trop savoir comment je ferai si une intersection se presente, mais heureusement, une fois sur deux, les panneaux routiers sont doubles en anglais. Ouf. Ca me permet d'ailleurs de commencer a apprendre les chiffres en farsih...

La route continue de descendre comme depuis la frontiere, et les montagnes s'eloignent au fur et a mesure, et je me retrouve a nouveau dans l'un de ces grands espaces nus que j'arpentais deja en Turquie. A la difference que l'altitude est tout de meme inferieur et la temperature est agreable, meme lorsqu'il pleut.

Je n'ai absolument aucune idee d'ou je suis ni ou je dormirai le soir. J'avais vu sur google-map qu'il y avais regulierement des villes sur la route, mais je n'avais pas les distances... Alors je marche.

Vers le soir, je trouve une petite ville. La difference avec la Turquie est surprenante : de loin, je ne savais pas s'il s'agissait d'un replis de terrain ou d'habitations ! Outre le fait que les maisons sont basses, sans etage, et faites de briques couleur terre, la plupart des maisons sont recouvertes d'une couche de terre, parfois de ciment. Seule la fumee s'echappant de quelques petites cheminees invisibles signalait la presence humaine de loin. Et pas de grande, belle, et neuve mosquee comme en Turquie ! C'est la voix du muezzine qui m'a confirme la presence d'un edifice religieux, mais je ne l'ai jamais vu...

A l'entree de la ville, quelqu'un m'appelle pour me poser les questions habituelles dans un anglais impeccable : encore un changement par rapport a la Turquie ou les gens ne parlaient que turc, meme les jeunes. Ici, il y a toujours quelqu'un pour parler anglais, parfois francais pour les plus vieux. Bref, cet homme en question est professeur d'arabe, et il me propose de m'heberger. Mais je refuse car il habite a 25 km de la et ne pourra pas me ramener demain. 5 heures de marches pour me retrouver au point de depart, sans facon. Je le remercie et repart.

Bon. Surement pas d'hotel dans une agglomeration aussi reduite, mais on verra bien. Je remonte lentement l'enfilade de petites boutiques qui constitue la rue principale, et une fois au bout, naturellement, je n'ai rien trouve. Mais je sais que je me suis fait remarquer. Je fait demi-tour et a mi-chemin, je me fais evidemment heler par un groupe assis devant un petit restaurant. Exactement ce que je recherchais. On m'invite a prendre le the, on me pose les questions habituelles, et vient la question fatidique : "et tu dors ou ?"
- Il y a un hotel, ici ?
- Ben non
- Alors je ne sais pas...
2 secondes de reflexions et un leger murmure dans le groupe. Un nouveau personnage arrive. Il prend en main la conversation... en espagnol !
- Pas de probleme pour ce soir, si tu veux, tu va dormir chez mon frere ! Voici mon neveu, il va te conduire chez lui et je passerai te voir pour le diner.
- super, merci !

Description de l'hospitalite iranienne dans les regles de l'art, vu par un francais qui n'y connait rien :
Apres les presentations, Farshad - le neveu en question - ferme sa boutique et m'emmenne chez lui. Il me presente son frere, sa mere, sa femme, et sa petite soeur, et me fait assoire sur le tapis. Une minute plus tard, j'ai devant moi une grande assiette de potage : il est 19 heures environ, je me dis que c'est surement le repas. Je l'avale tout en discutant avec Farshad. Son frere ne dit pas grand chose, et cote femmes, seul la mere s'autorise quelques commentaires. Dans l'ensemble, elles font le service pour les hommes en silence et mangent dans la cuisine. Quoiqu'il en soit, tout le monde se montre tres attentionne.
Arrive ensuite le pere qui rentre sans doute du travail. Farshad se leve et lui cede sa place. A present que toute la famille est la, je commence a saisir le principe de la hierarchie familiale : le pere a sa place pres du poele avec le plus grand coussin. Quand il n'est pas la, c'est son fils aine qui siege. L'invite - moi - est a sa droite. Et sur le mur d'en face, il y a donc les 2 fils, et la mere de temps en temps. Sur les cotes apparaissent et disparaissent les autres femmes, en fonction des besoins du service. Quand Mustapha, l'iranien qui parle espagnol, arrive vers 21 heures, il se place entre moi et le chef de famille (son frere). Chacun sa place, chacun son role.
Avant l'arrivee de Mustapha, on m'offre de me laver les pieds et les mains, et puis Farshad et sa mere sortent un beau polo tout neuf et me disent de le passer. Je prosteste, insiste, rien a faire. Bon, je le mets en esperant qu'il ne s'agit que d'un pret pour la soiree.
Entre 19 et 21 heures, le the coule a flot. Avec ce que j'avais deja bu dans la journee, je dois bien etre a 15 ou 20 verres... Une fois Mustapha arrive, la discution roule beaucoup plus facilement, et le vrai repas commence : plat chaud unique. La soupe de 19 heure sert d'entree, et il n'y a pas de desserts. Cependant le plat et consistant et je n'ai plus faim.
Vers minuit, dodo. Il etait temps, je n'en pouvais plus. Je vais dans la piece d'a cote ou m'attend une epaisse couverture et un oreille.
Un mot au passage sur la maison : j'ai dit que l'aspect exterieur ne payait pas de mine, mais l'interieur est tres joli, et tres simple. Pas de meubles, juste des tapis au sol, et des coussins le long des murs blancs. On s'assoie par terre, on mange par terre, on dort par terre. J'ai tout le temps d'admirer les tapis et la decoration qui rendent l'habitation chaleureuse et accueillante.
Le lendemain matin, je suis le premier leve, vers 6 heures. Je reveille Farshad qui dors dans la meme piece que moi afin de lui dire au revoir. Celui-ci bien qu'encore endormi se leve aussitot pour se mettre a mon service. Il veut me donner quelque chose a manger avant de partir, mais comme ses parents dorment dans la piece commune, je ne veux pas les reveiller. J'ai toutes les peines du monde a le dissuader. J'ai egalement plie soigneusement le polo dans un coin et fait mine de l'oublier, mais ca ne marche pas : il le repere et me le redonne : mais non ! Mais si ! Mais non ! Mais si ! etc... bref, je suis reparti avec. Et il tiens absolument a me reconduire en voiture jusque sur la route nationale situee a 200m.
Et je repars pour une nouvelle journee, ravi de cette experience !

J'espere que j'en aurais d'autres avec un appareil photo, cette fois !

Premiers pas en Est-Azerbaidjan

Comment decrire tout ca sans photos ?...
J'aurais bien du mal. Alors je suis alle sur google chercher une image qui corresponde a ce que j'ai vu.

Apres la frontiere, a environ 30 km, il y a la ville de Maku :


Elle se trouve coincee entre deux montagnes qui ne laissent la place que pour quelques maisons de part et d'autre de la route, mais comme la ville compte beaucoup d'habitant, elle s'etend sur des kms et des kms : il m'a fallu des heures pour la traverser.
Le paysage ne change pas encore, ce sont les memes montagnes seches, presque desertiques, affichant a l'occasion de belles couleurs rouges ou vertes. Mais des la frontiere, la route semble descendre, et les pointes enneigees se font moins nombreuses dans le paysage. Et il semble y faire plus chaud : cette fois c'est la bonne, c'est sur ! C'est le printemps ! Je l'ai enfin rattrape. Pas de doutes possible, la ville est pleines d'arbres tous couverts de jeunes feuilles d'un beau vert tendre dont la vue me remonte le morale : finies les temperatures polaires, les chutes de neige et le vent glaciale des plateaux anatoliens !
Enfin j'espere...

A Maku, j'ai trouve un hotel pour dormir, et je passe la soiree a tenter d'assimiler la monnaie locale : apres l'arnaque de la frontiere, je deviens mefiant, mais je me perds un peu dans les chiffres a ralonge (les maths, c'est pas mon truc). Alors quand la nuit d'hotel passe de 10 ou 15 Lires a 80.000 Rials, je m'inquiete un peu. En plus, il y a 2 facons de compter : certains prix sont annonces en rials, d'autres en toumans (10.000 rials = 1000 toumans = 0,8 euros) et 5 jours plus tard, j'ai encore parfois du mal... Mais tout va bien, et la vie est finalement moins cher ici qu'en Turquie.

Il parait qu'il y a une ancienne eglise armenienne non loin, et un taxi se propose de m'y emmener, mais je n'ai pas le coeur au tourisme. Je sors tout de meme faire un tour en ville pour voir toutes les differences avec la turquie. Je suis servis.
Les maisons, d'abord : plus d'immeubles aux couleurs voyantes serres les uns a cotes des autres facon HLM : les maisons ont parfois un etage, mais pas plus. Les constructions sont en petites briques brunes qui fondent les batiments dans le decors de la montagne. Pas de toits en tuiles mais des terrasses. L'aspect general est un peu minable, mais propre. La Turquie s'est specialisee dans les trottoires de 50 cm de haut, mais ici pas de trottoire. En revanche, des caniveaux de 50 cm de profondeur et 30 cm de large ! Comme je le disais il y a beaucoup d'arbre, mais ce n'est qu'a Maku. En dehors, le paysage est aussi nu et desole que d'habitude.
Cote population, je vois de tout. Je m'interesse aux foulards, et tres vite, je dois oublier un certain nombre de prejuges : la loi oblige le port du voile, mais j'observe tous les niveaux de rigueur. De certaines femmes, je ne vois qu'avec peine les yeux dans la masse noir et flottante qui se deplace devant moi. Mais pour d'autre, un petit voile de couleur claire laisse apparaitre une partie de la chevelure aux meches teintees, et tout le visage est decouvert, avec maquillage, lunettes de soleil, etc. Pour le reste, veste longue, blue-jean et baskets. Entre ces deux extremes, il y a de tout, et meme si le noir domine clairement (mais n'est-ce pas le cas chez nous aussi ?), je suis tres loin de la severite que j'imaginais decouvrir ici. Cote hommes, je ne suis pas le seul a avoir les cheveux longs...
Autre changement : je voix des fleuristes partout ! Les iraniens aiment les fleurs... La derniere fois que j'en ai vu, ca devait etre a Istanbul !
Par contre, les cyber cafes sont tres peu nombreux, et l'acces aux sites web tres filtres.

La frontiere iranienne

Enfin la voila ! Depuis le temps que je l'attendais...

Je suis tellement content que je ne fais pas attention, et je me fait arnaquer comme un bleu par le premier venu (c'est le cas de le dire) : une fois passe le poste frontiere turc, un homme se presente pour me changer mes euros en rials, la monnaie locale. Bien habille, grand sourire, parlant correctement anglais : j'aurais du le voir venir de loin, mais non. Il me propose 1.200.000 rials pour 200 euros. De mon cote, j'ai completement oublie de verifier le taux de change sur internet, et dans le doute, je n'accepte de changer que 100 euros. Et je me fait arnaquer de la moitiee de la somme du fait de son taux de change parfaitement abusif. Normalement, 100 euros s'echangent contre 1.250.000 rials environ, mais ca, je l'apprendrai 2 heures plus tard. Heureusement que je n'ai pas voulu changer plus d'un billet (un reste de mefiance tardive, sans doute ?).

Tant pis, ca m'apprendra. En meme temps, avec tous ces zeros avant la virgule, j'ai un peu de mal a m'y retrouver ! Au debut, on a la sentation d'avoir gagne au loto...


Une fois au poste frontiere irannien, on me demande de passer d'abord au bureau d'accueil des touristes ou un jeune fonctionnaire tache de me persuader pendant un quart d'heure que son pays est tres tres bien. Ensuite, la police examine mon visa, et prend les empreintes de mes 10 doigts avant de me laisser passer.

Bienvenue en Iran.

mardi 21 avril 2009

Vers l'Iran

J'aurais mieux fait de rester quelques jours de plus à Erzurum... Moi et ma fichue bougeotte ! Je ne tiens pas en place. Le matin du départ, il se met à neiger, mais je pars quand même : s'il ne fallait marcher que les jours de beau temps ! Et puis ça ne durera sûrement que quelques heures...
Quelques jours, oui ! Une vrai galère.
Enfin bref. Le problème, c'est que je n'ai pas pu (pas su ?) passer les cols dans ces conditions. J'ai tenté, mais 65 km dans les chutes de neiges à 2300 m d'altitude, et bien, j'ai fini dans la cabine d'un camion. Dur. Le soleil s'est gentilment montré une fois que je suis arrivé près de la frontière Iranienne... quand je dois m'arrêter, bien sûr.
En plus je m'arrête vraiment pour une raison stupide !
Anticipant tout comme d'habitude, je me suis fait bloquer par un plafond banquaire... Bête, hein ? La Turquie m'aime et ne souhaite pas me laisser partir ;-)
Les cartes banquaires et autres travelers cheques ne fonctionnent pas en Iran. Il faut emmener du cash (en € de préférence car les dollars n'ont pas la côte), mais ma banque ne me laisse pas retirer suffisamment d'un coup... je reste donc 3 nuits en ville au lieu d'une pour réunir une somme d'argent suffisante. Ça m'apprendra à vouloir foncer.
Sinon, question tourisme, pas grand chose à dire, j'espère que ça changera après la frontière.
Rendez-vous en Iran !

mardi 14 avril 2009

Erzurum bis

Bon, et bien ça y est, je pars demain. Finalement, ça a été beaucoup plus simple que je ne m'y attendais, et s'il n'y avait pas eu le week-end, j'aurais pu partir hier !

J'ai à présent un superbe décalcomanie sur mon passeport, made in "Islamic Republic of Iran" : la classe !

J'ai appris à cette occasion que l'histoire de date précise pour passer la frontière, c'est "du flan", quant à la lettre d'invitation, je n'en ai pas besoin si je passe par internet... ce que j'avais fais à Istanbul ! Bref, j'ai juste rempli un papier, donné une photo, payé 60€ à la banque, et 2 heures plus tard, j'avais mon visa. Cooool !

Côté tourisme, il y a une matinée voir une journée agréable à passer ici : il reste d'anciennes "medrassa" (une école si j'ai bien compris) très décorées et remontant à une époque où la ville servait de capitale au roi du coin... il y a longtemps, quoi. Un caravensérail, aussi, et si on regarde bien, encore quelques vieilles maisons délabrées dont le style de construction diffère de ce que j'ai pu voir à Ankara ou à Istanbul... Il y a même un bureau de tourisme (miracle !) avec dedans quelqu'un qui parle un peu anglais (re-miracle !) : j'apprends qu'il y a une station de ski juste à côté. Pas étonnant, car à part la vallée par où je suis arrivé, ce ne sont que montagnes blanches qui montent jusqu'au ciel tout autour de la ville ! Il y fait d'ailleurs bien froid, mais comme les immeubles arrêtent le vent, ça va. En dehors, c'est le domaine d'Eol et la bise est glaciale malgré un beau soleil.
Bref, Erzurum ne déçoit pas comme Ankara.

Côté rencontres, c'est pas mal non plus : dans un cyber café, 2 jeunes ont remarqué que j'utilisais le web francophone. Ils m'abordent et se présentent... en français ! Ce sont 2 étudiants Turkmènes qui font leurs études ici. Ils sont visiblement ravis de pouvoir pratiquer le français et refusent que je parlent anglais ! Ils m'emmennent chez eux, m'offrent le thé et me proposent de partager leur repas. Je passe une super soirée en leur compagnie et sur la fin, je les aide à faire leur devoir !!! C'était drôle, mais ils sont doué !
L'un d'eux m'a offert son bonnet de prière : j'ai fais l'erreur de vouloir l'examiner, et je l'aurais offensé en refusant le cadeau... sauf que maintenant, il n'en a plu. Penser à retenir ma curiosité les prochaines fois ! Ceci dit, avec le chapelet des jandarmas, je commence à être équipé "local" ! ;-)
Et puis j'ai rencontré un français au consulat Irannien : un vrai voyageur qui à déjà parcouru de nombreux pays ! Sa discution s'avère très intéressante et j'apprends plein de choses sur ce qui m'attend ensuite ! Et puis on parle le même langage, les mentalités sont proches... Le courant passe bien. Voilà une rencontre agréable et intructive !

Donc voilà, je pars demain matin (mercredi 15 avril, je crois) et devrait être sur la frontière aux alentour du 25. Et une semaine plus tard à Tabriz. Là, si mon appareil photo fait toujours grève, ce sera le licenciement sec : j'attends d'être en Iran car ce sera sûrement moins cher... (capitaliste, va !)

lundi 13 avril 2009

Erzurum

Au programme : trouver un hotel pas cher, se reposer, collecter le visa iranien, mettre à jour le blog, visiter s'il y a lieu...

d'Erzincan à Erzurum

Rien à dire ni à faire sur Erzincan alors après ma journée de pause, je repars. Le printemps semble s'être définitivement installé, même si le froid persiste, et la route est plus facile. L'horizon se limite aux montagnes blanches de part et d'autre de la vallée, et la région semble assez désertique : tout en roche, avec des couleurs vertes, rouges, ou marron selon les endroits... Ça semble un peu triste mais malgré les apparences, il y a tout de même des témoignages de vie : un aigle qui tourne dans le ciel, un renard surpris au bord d'un ruisseau, pas mal d'oiseaux de toutes sortes, et surement plein d'autre choses si je prenais plus de temps pour m'arrêter et regarder.

Bref, ça va à peu près bien. Juste un peu fatigué, peut-être à cause des marches précédentes ou de l'altitude, je sais pas... J'arrive ainsi à Tercan, une petite bourgade de 3000 ames environ, et là, une petite surprise m'attend : je tombe par hasard sur un caravensérail, un vrai ! Tout beau, tout vieux, entretenu, avec un restaurant à l'intérieur... Ça n'a rien de mirifique, bien sur : un carré de pierres, quelques décorations, le "cloitre" intérieur, et voilà. Mais bon, ça me rappelle que je suis sur la route de la soie, avec toutes les histoires, les contes, et les légendes qui s'y rattachent ! En plus mon appareil photo a bien voulu se remettre en marche pour l'occasion, alors j'ai pu prendre une photo!
...
Je remarque que j'ai oublié de parler de mon appareil photo : il a commencé à "bugger" à Sivas (le zoom refusait de se rétracter), mais il s'est remis en marche le lendemain. Bon. Une saute d'humeur, sans doute. Et puis il a recommencé deux jours plus tard. Je l'ai bidouillé dans tous les sens et il s'est remis en marche. Bizarre autant qu'étrange... Et puis "rebug"... juste quand j'arrivais sur les belles montagnes en passant les cols à 2200m d'altitude !!! J'aurais pu prendre mes plus jolies photos depuis Ankara !
'^+%&/()=?*+ de matos de grec encore, ça, tiens !!!
Et puis il a remarché quelques heures à Tercan... et depuis c'est fini, plus de photos. La grève. J'ai beau lui parler de service public minimum, d'amélioration des conditions de travail, rien. Panne informatique ? Problème mécanique ? Ou tout simplement le froid ? Il est vrai que je le porte à la ceinture alors il subit aussi les températures. Une fois arrivé à Erzurum, je me rends chez un photographe : il ne peut rien faire. Zut...
Donc en attendant une solution, soit je trouve une image sur le net qui corresponde à ce que je vois, soit... rien.

C'est donc sans photo que je termine le trajet jusqu'à Erzurum. Les gens sont toujours accueillants, et les jandarmas aussi : 10 km après Aşkale (ma dernière étape, 50 km avant Erzurum), je tombe sur un poste de garde le long de la route où s'ennuient 6 ou 8 militaires... Ils m'invitent à prendre le thé, et après avoir entendu mon histoire habituelle ("Seyahat ediyorum, Fransa da Çin se yaya olarak gidiyorum"), l'un d'eux m'offre un chapelet pour "compter les kilomêtres" ! C'est le genre de petits chapelets avec 30 ou 35 perles que je vois partout depuis l'albanie... J'avais déjà une tête "couleur locale", et je commence à avoir le matériel ! ;-)
J'arrive le soir à Erzurum et trouve un hôtel rapidement : pour la suite, on verra demain.

lundi 6 avril 2009

De Sivas à Erzincan

Où en étais-je ?
Ah oui, Sivas... Je suis tombé en arrivant là-bas sur un étudiant qui m'a hébergé. Lui et ses 5 colocataires vivent dans l'un des HLM près de l'université de la ville, une de ces petites zones urbaines qui poussent partout comme des champignons en Turquie : 10 immeubles tous pareils, un accès routier, un marché, une mosquée, et voilà 500 personnes logées au milieu de nul part. La croissance de la ville finira par les absorber... Ils étaient très gentils, mais à 5 ils étaient incapable de faire une phrase en anglais, alors la communications était un peu difficile. C'est quand même bizarre de voir un étudiant en commerce international de 21 ans incapable d'aligner 3 mots d'anglais... Mais ils se sont vraiment montré hospitalier, c'était bien.

A Sivas, il y a l'ancienne école (enfin ce qu'il en reste) de Kemal Atatürk : une belle architecture ancienne. C'est la première fois que je peux voir quelques vieille pierres depuis Istanbul, ça fait plaisir. Ça ressemble à ce que disait Adélaide à propos des Japonais, quand j'étais chez elle à Ankara : ils n'aiment pas les vielles choses, ils préfèrent le neuf. Ils remplacent au lieu d'entretenir. On trouve également à Sivas l'inévitable musée d'Atatürk (que je n'ai pas visité)...
Je me suis posé en ville une journée, et je suis repartis le lendemain, direction Erzincan.

Là, ça commence à se corser un peu. Pas au début car j'ai enchainé quelques étapes tranquilles de 35 ou 40 km. J'arrive généralement en milieu d'après-midi, il fait beau ou tout au moins il ne pleut pas (ne jamais sous-estimer le pouvoir caché d'un paquet de chips !), bref, tout va, c'est facile.

Par contre, depuis Ankara, je me fais tout de suite repérer comme étranger. Je crois que c'est à cause des cheveux : en ville ça va, mais à la campagne, tout le monde à les cheveux très court... On me demande si je suis Iranien, maintenant : ça c'est nouveau. les gens s'arrêtent pour me regarder quand je passe dans la rue, et donc en arrivant dans la petite ville d'Imralı, je suis abordé par quelqu'un qui m'offre le thé. Il ne parle pas anglais mais je commence à avoir le coup de main pour me faire comprendre. Il m'offre le gite et va très bien s'occuper de moi. Mais c'est le turc le plus étrange que j'ai rencontré ! Un mélange de communiste écologique protestataire qui passe pour un original auprès de ceux qui l'aiment bien et de fou auprès de ceux qui ne l'aime pas... En tout cas il est très gentil avec tout le monde et aime rendre service comme j'ai pu le constater. Il a une surprenante culture générale, me citant Victor Hugo, Karl Marx ou Socrate, mais ça part un peu dans tous les sens et il n'hésite pas à mettre en relation des choses qui n'en ont aucune : le résultat est parfois surprenant.

Il m'apprend que je suis actuellement à environ 1800 m d'altitude, et que les montagnes blanches qui décorent le paysage sont entre 2500 et 3200 m. Je n'imaginais pas être si haut !

Je vais le réaliser le lendemain. Je pars avec le soleil, et mon hôte m'accompagne sur les 15 premiers kms. Ensuite, je me lance dans les montagnes. La route monte jusqu'au col de Kizildağ : altitude affichée : 2190 m. Le paysage est magnifique, les hautes montagnes montent leurs cimes blanches jusqu'au ciel bleu, tout est couvert de neige et brille au soleil... comme sur les cartes postales ! Le soleil est très agressif et l'air est glaciale. Une fois le col passé, la route redescend rapidement puis serpente jusqu'à Refahiye... Problème : la distance Imralı-Refahiye est de 72 km, et entre les 2, il n'y a rien. Je ne sais pas si je trouverai un hôtel ou quelque chose à Refahiye, alors au bout de 50 km, je cède à l'invitation d'une navette et fait les 20 derniers km en minibus.

Le lendemain, rebelote pour arriver à Erzincan : 35 km pour monter au col de Sakaltutan (2100 m d'altitude), et 35 km pour redescendre = 70 km... sauf que cette fois, je sais que je dormirai le soir dans un bon lit. Donc je me lance pour battre mon petit record de 65 km. Les conditions sont plutôt bonnes : le soleil, les belles montagnes blanches, la route qui monte quand je suis en forme et qui descend quand je suis fatigué, un sac léger (je ne prends qu'une demi bouteille d'eau car il y a il y a toujours des sources en montagne), bref, je sens que je peux le faire. Et puis comme la veille, il n'y a rien entre les deux, hormis un petit restaurant au col (J'y déjeune vers 13h30).
Et effectivement, j'y arrive. Parti à 6H00 de Refahiye, j'arrive à 22H00 à Erzincan. Avec moins de 2 heures de pauses cumulées, ça fait quand même pas mal d'heures de marche. Trop,en fait. Je devrais être content, mais non : pour le coup, c'est un peu trop. Surtout cumulé avec le trajet de la veille : les pieds protestent et menacent de déposer un préavis de grève, les genous se plaignent... et de toute façon, à 5km/h, la journée n'est pas assez longue pour faire la distance, j'ai du marcher 3 heures de nuit pour le final (je n'aime décidément pas marcher la nuit sur la route). C'est surprenant comme 10 ou 15 km de plus en fin de journée peuvent changer la donne.
Bref, je crois que cette distance-là, je peux l'encadrer, je ne suis pas prêt de la refaire. Encore que quand je regarde ma carte, les montagnes sont loin d'être finies...
A Erzincan, je me pose encore une journée. Pour le coup c'est nécessaıire.

jeudi 2 avril 2009

Une belle journée

Levé vers 6 heures du matin, départ vers 6H30, sous un beau soleil et un ciel sans nuage.
Visiblement, le paquet de chips a fait son effet. Les anciens grecs sacrifiaient un taureau blanc, c'était plus impressionnant, mais que voulez-vous, c'est la crise...
Bref je sors rapidement de Siraz et m'engage dans la campagne. Il fait bon, personne sur la route, le calme, les oiseaux qui chantent... Des conditions de marche presque parfaites. Je rêve, dors, pense, et les kilomêtres défilent sans que je m'en aperçoive. Le soleil est haut et il commence à faire chaud : j'enlève l'écharpe, puis la combinaison de froid, et plus tard le pull et le manteau : me voilà en T-shirt, comme au bon vieux temps. Mes bras vont enfin voir le soleil !
Le paysage est orné des montagnes blanches de neige qui bordent l'horizon.
Je passe devant un petit batiment et un garde s'intéresse au piéton et m'offre le thé pour causer 5 minutes. Ça tombe bien j'avais envie d'une pause. En début d'après-midi, j'arrive à ma destination. Déjà ? Eh oui, j'ai fais les 35/40 km de l'étape presque sans les voir ! Coups de chance, malgré la taille réduite de la bourgade, il y a un hôtel. Le patron est un arménien rigolo qu m'invite pour un autre thé et nous discutons avec ses amis. Ensuite il me fait un prix et je récupère une bonne chambre pour 5€. Je sors faire les courses et quelqu'un d'autre me propose encore un thé pour pouvoir me poser des questions ! Je vais faire trois courses pour le diner, et cette fois, c'est le gérant du magasin et les caissières qui offrent !
Le soir tombe. Le patron de l'hotel me confie à ses amis qui m'emmènent dans un restaurant au bord d'un lac à quelques km, et je dîne avec une truite grillée, mais oui !

Des journées comme celle-là, j'en veux bien plus souvent !

Le soleil s'est maintenu toute la journée et celle du lendemain : c'est sûrement le printemps ! Ça veut dire que dans un mois ou deux, je pourrai enfin recommencer à me plaindre de la chaleur insupportable et des températures scandaleusement élevées ! Chouette !!! ;-)

le Kangal

Lorsque j'ai lu le livre "Longue Marche" de Bernard Olivier, un normand à la retraite qui a fait Istanbul-Xian en 4 x 3 mois entre 2000 et 2004, j'avais trouvé une description des kangals.
J'en ai retenu l'idée d'un monstre énorme et sanguinaire, la bave au lèvres, sautant sur tout ce qui bouge... Pardon à tous ceux qui m'ont entendu en parler de cette façon, je vais corriger le portrait dans ce message.
D'abord, un kangal, c'est un chien, juste un chien. Avec des réactions et des instincts canins normaux. Pas un monstre sanguinaire.
On ne les trouvent pas en ville, seulement à la campagne, mais là, ils sont partout ! La première fois, de loin, j'avais cru voir un labrador avec son pelage blond. Mais de près, on remarque tout de suite que la pointe de ses oreilles et son museau sont noir. Le poil est plus fournis que celui d'un labrador, mais c'est peut-être son pelage d'hiver ? Et puis ce n'est pas énorme : à peine plus gros qu'un berger allemand.
Certains chiens ont un pelage beaucoup plus foncé, presque noir : si j'ai bien compris, ce sont des chiens loups (kangal + loup gris d'anatolie).
Dès que je trouve un beau spécimen je vous mets la photo.

Je suis d'accord pour dire qu'ils me semblent un peu plus virulents que la plupart des autres chiens, mais bon, pas de quoi en faire un plat. En fait, leur comportement est le même que d'habitude. J'entends par "habitude" que je me fais hurler dessus par tous les chiens de la campagne depuis mon départ de France et que ça ne me change guère. Quelle que soit la race, ils me casse tous les oreilles, mais c'est tout. D'ailleurs, les plus appliqués à me faire perdre des dixièmes d'audition étaient les chiens grecs, pas turcs.
D'après ce que j'ai pu observer, et quel que soit le pays, les chiens à la campagne sont rarement dressés. Ils vivent là où ils sont nés, et respectent celui qui les nourrit, et pour le reste, ils font ce qu'ils veulent et défendent ce qu'ils considèrent comme leur territoire. Les kangals ne font pas exception, et quand je dis qu'ils sont un peu plus virulent, c'est juste qu'ils ont tendance à être plus démonstratifs. Depuis la Slovénie, j'ai eu régulièrement sur les talons de 1 à 5 chiens aboyant et grognant jusqu'à ce que je passe leur territoire, et puis ils se détournent et rentrent chez eux. Ça peut être impressionnant quand ils sont nombreux, mais ça reste une simple et bruyante démonstration.
L'exemple le plus impressionnant et théâtrale m'a été donné par une femelle kangal : je suis sur la route et visiblement je suis sur son territoire car je vois la bestiole me foncer dessus en aboyant aussi fort qu'elle peut. J'ai l'habitude, j'en ai cinq par jours des comme ça. J'applique la méthode simple du gros mammifère placide : je pousuis ma route à la même vitesse sans m'occuper du/des chiens qui me suivent alors jusqu'au bout du territoire. Sauf que là, en plus de me casser les oreilles, cette femelle ne cesse de passer devant mois sur le côté, derrière, toujours grognant, montrant les crocs, allant même jusqu'à mimer des attaques : elle me laisse 3 ou 4 m d'avance et s'élance pour s'arrêter juste sur mes talons et m'achever les timpans... Ça va, ça va, on se calme, je ne fais que passer !
Et puis arrivé au bout de son terrain, elle se tait brusquement, se retourne et s'en va sans plus s'occuper de moi. Comme d'habitude, en fait, mais tout de même, quelle violence ! Je me retourne pour la regarder partir, et dans le fossé plus loin, je vois une, deux, trois petites têtes de chiots qui me regardent avec curiosité...
Maman défendait ses petits ! C'est pas mimi la nature ?

Non, sans rire, et pour faire taire les critiques : j'aurais je crois plus de "chance" de me faire mordre par un pitt-bull dressé à l'attaque dans la banlieu de Rouen que par un kangal dans la campagne turc.
Je signale également à ceux qui verraient certaines photos sur Google que les turcs sont petits ! Il est donc normal que le kangal paraisse grand. C'est vrai, en France j'ai une taille standard, mais en Turquie, je fais partie des plus grands et domine presque tout le monde d'une tête voir deux ! La tête d'un kangal m'arrive à la cuisse, pas plus.

mercredi 1 avril 2009

Polis et Jandarmas...

J'ai plutôt l'habitude de critiquer l'activité de tout ce qui porte un uniforme...
En Turquie, je dois tout de même avouer que ça se passe très bien. Attention, je n'inclue pas les douaniers dans le tas : je crois que certains d'entre eux font ce métier pour le seul plaisir d'embêter le monde impunément.
Mais concernant les policiers et les jandarmas turcs, je suis agréablement surpris ! Je sais qu'il ne faut rien leur demander car ils risquent de faire leur métier et je n'ai pas le temps de jouer avec eux, mais pour ceux qui m'ont arrêté sur la route ou que j'ai simplement croisé, ils sont sympatiques et souriants pour la plus grande part, comme le reste de la population. Tous curieux de savoir qui je suis et ce que je fais. Depuis Istanbul, j'ai eu plusieurs fois des propositions de prise en stop (refusées, bien sur), certains m'ont offert le thé pour écouter mon histoire, j'ai même eu un officier des jandarmas qui m'a offert un petit déjeuner ! Pain, olives, fromage, thé, et evla (pate sucrée que l'on trouve en France) ! Pas mal, je trouve. Et une fois sur deux, ils se moquent bien de mon passeport. Bref, ça va bien, il semble que j'ai un bon feeling avec les turcs en uniforme, et ça mérite d'être dit.

De la neige, de la neige, de la neige !

Quel est le nain de jardin qui m'a dit qu'il faisait chaud en Turquie !?! Si je l'attrape, ça va lui faire mal. Très mal. Y'a des boules de neiges qui se perdent !
Non mais sans blague, j'avais déjà eu de la neige avant d'arriver à Ankara, et ça continue après Yozgat. Je suis arrivé sous le soleil à Sorgun, mais le lendemain, je constate qu'il a neigé pendant la nuit : manteau blanc sur tout le pays ! Et une heure après mon départ, la neige reprend . Le vent n'arrange pas les choses mais j'ai la technique : je mets mon parapluie contre mon épaule et le manche en travers de la poitrine, le vent violent le maintient en place et je peux marcher les mains dans les poches sans le tenir, tranquille. Et il neige et il vente toute la journée. Lorsque j'arrive dans les montagnes à Akdağmadeni, il y a 20 cm de neige et -2 degrés au panneau d'affichage. Fin mars, tout de même !
Nuançons : les turcs me disent que ça fait 10 ans qu'ils n'ont pas eu autant de précipitations... Ça ne m'étonne pas trop, je suis abonné au phénomène : la première fois que je vais en Ardèche il neige comme c'est pas possible en plein mois d'avril. J'arrive en Corse au mois de Juin : encore de la neige le jour de mon arrivée. Je passe en Autriche au mois de Mai : 1 mêtre de neige dans le Tyrol. Et à chaque fois la même réaction des locaux : "On n'avait pas vu ça depuis longtemps !".
Abonné, je vous dis ! J'ai du vexer une divinité du froid un jour... Skadi, Ceridwen, je vous offrirai un paquet de chips en sacrifice si vous me lachez les baskets !
Ou alors c'est l'inverse, c'est le printemps qui me fuis : Perséphone, Freyia, Cybel, et toutes les autres, c'est promis, je vous sacrifierais un second paquet de chips si vous revenez !

Je repars d'Akdağmadeni par -3 degrés au compteur et passerais la journée dans les montagnes blanches. Finalement, dès qu'il n'y a pas de vent, c'est joli et pas désagréable. Un peu comme les vacances au ski quand j'étais petit... Mais la route redescend dans la plaine en fin de journée, et le lendemain, c'est le grand soleil pour arriver à Sivas.