lundi 23 novembre 2009

petites histoires thailandaises...

J'ai quitte Bangkok il y a 8 jours, maintenant. Il a fait beau tout du long, et je n'ai guere eu le temps de m'ennuyer !

Pour commencer, le premier soir, alors que je me pose dans une chambre d'hotel a la peripherie de Bangkok (Khlong Luang), je m'apercois que j'ai perdu mon carnet de notes... Et zut. Le lendemain, je retourne dans l'hotel ou je residais dans la Kao San Road, mais je ne le retrouve pas. En fait, ca ne m'embete pas temps que ca, car l'histoire est toujours dans ma tete, un peu sur mon blog, et de toute facons, c'etait le bureau des pleurs, ce carnet, le psy a qui je racontait ma vie le soir. Non, ce qui est plus embetant, ce sont toutes les petites annotations et les adresses de gens rencontres en cours de route depuis Kashgar ! Enfin bon, c'est la vie.
Faux depart, donc.
Je prends un bus pour ne pas a nouveau me retaper toute l'agglomeration, et reprends la route vers le Nord.

Il y a decidement beaucoup de chiens, ici ! J'etais plutot tranquille de ce cote depuis Ankara. L'Inde en compte beaucoup aussi, mais la-bas, ils sont tous fameliques, peles, malades, handicapes, blesses, miteux, et les indiens les utilisent pour s'entrainer au lancer de cailloux, alors je n'ai jamais eu de problemes. En Thailande, en revanche, c'est comme en Europe, et a force de les retrouver aboyant sur mes talons, j'ai repris ma methode dite "du pachiderme placide". Je les ignore.
Sauf qu'il y en a un a qui ca n'a visiblement pas plu. Il aboit deux fois, je l'entend courir, et "que ?! Aie !!! SALOPERIE !!!!!!" Le temps de me retourner, c'est trop tard : il court deja dans l'autre sens. Je le pouruis un peu pour le principe, mais sans conviction. Ca va vite quand il s'agit de fuir, ces trucs-la... Quant a moi, je suis fatigue, c'est le soir, et j'ai une crampe dans le mollet. Heureusement, d'ailleurs, car grace a ca, j'ai la jambe dure comme du bois, et c'est celle-la qu'il a choisie de gouter.
Faute de pouvoir lui coller la rouste de sa vie, je me contente de le maudire jusqu'a la 57eme generation, tout en lui souhaitant de rencontrer promptement son inevitable destin de carpette bitumee sur le bord de la route, comme ses congeneres. Ce sale cabot m'a vraiment mis en rogne, mais c'est surtout a moi que j'en veux : se faire mordre par une bestiole qui m'arrive a peine au genou, c'est deja la honte, mais en plus, ne pas pas etre capable de repliquer, ca m'eneeeeeeerve !!!
Le resultat ? Tout a mes marmonnages dans ma moustache, j'en oublie ma crampe, la morsure, mes epaules qui font mal, la fatigue, et abat encore 10 km malgre la tombee de la nuit.
Naturellement, j'ai depasse l'agglomeration de Saraburi, je suis parti trop loin, et il n'y a plus d'hotels dans les parages. Je m'arrete pour diner dans un petit bouiboui au bord de la route. Il y a un batiment avec ce qui semble etre une epicerie... Pendant le diner, une fille en sort : elle parle anglais et me demande si tout va bien, proposant ses services de traduction. Visiblement, le restaurant et tout le reste sont une affaire de famille, et la fille du patron est preposee aux etrangers. Nous discutons un peu, car elle est surprise de me voir arriver a pied, puis me propose de venir dans le magasin pour raconter tout ca a ses parents. OK. Apres le repas, je leurs raconte ce que je fais, et ils me demande si je n'ai pas de problemes sur la route. Je leurs parle du chien en rigolant, mais surprise : la mere est infirmiere, et demande a voir. Ce n'est qu'une egratignure, mais comme ca enfle un peu et que ca saigne, elle decide qu'elle va me soigner. Je refuse en argant que ca aura disparu demain, mais on ne dit pas non a une infirmiere en service... D'autant que l'epicerie s'avere aussi etre un centre de soins pour les locaux : une minute plus tard, je suis soigne, panse, bande, bien comme il faut.
Je me renseigne sur les possibilites de dormir quelque part, mais tout semble pris. Je passerais donc la nuit sur le carrelage de l'entree du batiment d'a cote...
Le lendemain, la jambe tiraille un peu, mais ca marche bien.

Le jour suivant, tout au long de la route, je trouve des marchands de fruits, des paysans vendant directement leur production. J'achete des fruits du dragons : ils sont mauves a l'interieur ! Une couleur magnifique, mais qui me surprends, car ceux que j'ai mange a Bangkok etaient gris...

Chechi dit, gris ou mauve, ch'est drolement bon !!! miom...

Un peu plus loin, j'apercois une tunique orange qui avance sur la route : je suis en train de rattraper un moine ittinerant ! Arrive a sa hauteur, je lui propose un de mes fruits mais il refuse, et je fini par comprendre qu'il ne mange que le matin, se contentant de boire de l'eau ou un jus de fruit dans la journee. Je vais passer une partie de la journee a cheminer de concert avec mon nouveau compagnon de voyage. Tres agreable. Et riche en decouvertes ! Sur son chemin, la plupart des gens joignent les mains en signe de respect et de salut, certains offrent de l'eau, du riz, ou de l'argent, en echange d'une benediction. Ca correspond a ce que j'avais lu sur les moines bouddhistes en Asie : ils vivent de mendicites, en fonction de ce que leurs donnent les fideles.
Par contre, le fait de voir un "long nez" (un occidental) marcher avec un de leur moine les surprend beaucoup ! Je les vois ouvrir leurs yeux brides grands comme des billes (notons l'exploit), et le saint homme doit leur expliquer qui je suis et pourquoi je refuse les presents... Je m'amuse bien !
Lui et moi, nous nous questionnons mutullement sur nos destinations, nos parcours... lui se rend chez sa mere, qui habite a environ 1000 km de son temple. Il compte environ 1 mois et 10 jours pour s'y rendre. Pres de 3 mois de marche pour aller voir sa mere ??? J'espere que la brave dame apprecie l'effort ! Ceci dit, il marche moins vite que moi... La nuit, il dors dans les temples, nombreux dans le pays, et parfois dehors quand rien ne se presente. Il me demande aussi si je ne suis pas embete par les chiens. Je lui parle de ma mesaventure deux jours plus tot et lui montre ma jambe. Il me montre la sienne : je crois que je ne suis pas a plaindre, car je n'ai eu qu'un seul croc vraiment plante dans le jarret, alors que lui presente toutes les marques d'une magnifique machoire canine gravee dans le muscle ! un travail de pro ! personellement, je pense que c'est mon pantalon ample qui a empeche la sale bete de bien viser. Le moine, lui, n'a aucune protection. Ca prouve aussi que ces fichues bestioles n'ont aucun respect, meme pas pour la religion !!!
J'ai bien aime ces quelques heures : le moine pouvait completement me comprendre, nous avions beaucoup de points communs, et quand je l'ai quitte, j'ai eu droit a un vrai, large sourire, qui n'avait rien a voir avec le sourire de facade que les asiatiques arborent si facilement.
Le lendemain, je quitte la grande route pour m'enfoncer dans la campagne et rejoindre le Laos par une voie paralelle et moins citadine.

Au milieu des champs, en pleine cambrousse, je tombe sur une industrie agro-alimentaire. Comme toujours dans ces cas-la, une pailotte a pousse de l'autre cote de la route qui sert de cantine aux employes, Je consulte ma montre : 12H12. J'adore, quand mon dejeuner est ponctuel comme ca !
J'entre, m'assoie apres avoir verifie que je pouvais manger ici, et me retourne vers la sortie. Un truc me gene : il y a une fille qui sort, et elle porte un blouson vert beaucoup trop chaud pour la saison... Mais... mes lunettes sont sales ou quoi ?... il est ou son short ??? Je regarde autour de moi, mais tout le monde semble indifferent a cette fille qui retourne tranquillement vers l'usine, avec un blouson vert pour tout vetement...
Mon assiette arrive, plusieurs jeunes ouvriers parlant anglais s'interressent a moi, et puis la population est mixte, alors j'oublie le manteau vert avect la fille dedans et passe a autre chose. Surement une blague douteuse entre collegues...
Apres le repas, je repars : 10 minutes plus tard, arrive a hauteur d'un cafe, je depasse un vehicule gare avec 4 femmes a cote. L'une d'elle m'aborde en anglais, avec la voix cassee de celles qui se sont essentiellement nourries de cigarettes et de nuit blanches, ne laissant aucun doute sur son role aupres des autres filles qui se tiennent effacees derriere. Tout en refusant ses offres, je jette un oeil a la plus jeune : je lui donne a peine 15 ans ! Un peu ecoeure, j'ecourte la conversation et m'en vais. Puis le blouson vert me reviens en tete !
Serait-ce la methode thailandaise pour gerer le stress au travail ???
Je me demande comment reagirait le PDG de France Telecom si les syndicats proposaient ce genre de "remede" aux problemes recurents de depressions et de suicides chez les employes...
Le reste du trajet s'est passe sans histoires notables... J'ai rachete un dragon fruit qui s'est avere beaucoup plus cher, mais gris a l'interieur ! Et toute la journee, je longe les rizieres et les champs de mais, avec entre deux, des palmiers, des bananiers, et de l'eau, beaucoup d'eau, partout. La saison des pluies s'est terminee il y a encore peu de temps, et le soleil va luire a present jusquau mois de mai prochain, m'a-t-on dit.

Quoi d'autre ? Ah, oui : les vaches ont des oreilles immenses, ce qui leur donne un air franchement niais, facon "Dumbo", mais c'est rigolo !
Avec les cornes, c'est deja mieux.



Dans une petite ville, c'est un iranien (mais oui) qui m'a aide a trouver un hotel...

Et aujourd'hui, je suis arrive a Chaiyaphum. Je me pause une journee avant d'attaquer une serie de 4 etapes un peu longues, et devrais arriver non loin de la frontiere du Laos dans 6 jours.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Ton récit reste toujours aussi passionnant à lire, notamment pour nous autres, qui sommes restés dans notre confort quotidien.

Bon courage pour la suite. Ça fait drôle de se dire que tu n'es plus si loin que ça de la fin... même s'il te reste encore de nombreux kilomètres. Profite bien du Laos !

And keep going on !

Julien (de la danse Germain)

Anonyme a dit…

SALUT GAUTHIER,
je me suis encore régalée à lire ton récit c'est vraiment excellent et tu me fais bien sourire avec tes anecdotes. Quand à ton agenda perdu là je te retrouve un petit peu "tête en l'air". Bon allez bonne route, bon courage et j'espère que le Laos va te laisser un bon souvenir comme la Thailande. A très bientôt, garde la forme et le moral. Bisous. CHANTAL

Anonyme a dit…

je viens de rattraper 2 mois de lecture en retard, ca m'a fait du boulot de tout lire ! en tout cas, ce n'est jamais ennuyeux mais réellement passionnant.
bonne route a toi, vieux !

un voyageur anonyme ...