mardi 28 octobre 2008

La frontière

Le temps est beau, l'air est froid, l'humeur excellente, bref, tout va bien lorsque j'arrive au poste de contrôle de Kipi, à la frontiere avec la Turquie.
Passeport svp - oui voilà - merci c'est bon allez-y - adios.
Je prends mon sac et parts, mais l'agent m'arrête au dernier moment :
- Vous êtes à pied ?
- Oui.
- Vous ne pouvez pas passer à pied, ce n'est pas possible.
- Ah bon ? pourquoi ?
- C'est pas possible, ıl faut prendre le bus, un taxi, ou faire du stop.
Je répète ma question, mais soit son anglais est trop limité, soit il me prends pour un abrutis, toujours est-il qu'il me répond la même chose.
Bon d'accord. Ce n'est pas la première fois que j'entends "impossible", alors je n'insiste pas, et parts. Ça marche toujours, malgré tout ce qu'ils disent...
J'arrive devant un pont gardé par deux militaires :








Et là, effectivement, ça ne passe pas.
- Maıs c'est ridicule, on n'a plus le droit de marcher, maintenant ? Il y a la place, en plus : à quoi sert ce trottoire, la ?
- Non non, c'est interdit, fais du stop.
J'insiste un peu, mais rien à faire. J'ai déjà de la chance que l'un des deux parle anglais, je ne vais pas me disputer avec eux.
Je retourne donc au poste de contrôle grec. Il n'y a pas beaucoup de monde, mais le transit est constant et régulier. La plupart des gens s'arrêtent au magasin Duty Free, alors je peux leur parler. Je tente ma chance à droite, à gauche, mais je n'ai guère de succès. En plus, la plupart d'entre eux ne parlant pas anglais ne me comprennent tout simplement pas. Un chauffeur de bus accepte de me prendre, mais il ne veut pas s'arrêter avant Istanbul, et me réclame 30 euros... lui non plus ne conçoit pas que je veuille ne faire que 2 km jusqu'à la frontière Turque.
Bref, 1H30 plus tard, je suis toujours au même endroit.
J'en viens à demander aux douaniers eux-mêmes de m'emmener : évidemment, ça ne marche pas. Par contre, ça va s'avérer utile 10 minutes plus tard. En effet, une préposée au guichet m'a repéré, et m'appelle pour me dire quelque chose que je ne comprends pas. C'est alors que l'un des douaniers se précipite, et lui explique mon problème. Elle comprend bien, et plus intelligente que ses collègues, elle discute avec les chauffeurs routiers présent : en 2 secondes, elle me trouve un transport !
Je peux donc enfin passer ce foutu pont, et aller en Turquie. (Merci madame !)
Contrôle - passeport - tampon, et voilà.







Dans l'intervale, je m'offre mon premier thé turc ("çaı") -> pas mal : ce n'est qu'un thé basique, mais ça n'a rien a voir avec le Lipton qu'on trouve chez nous.




Je n'ai plus a présent qu'à rejoindre Istanbul pour terminer cette partie du voyage. Distance : 250 km.
Comme il est midi, je m'arrête au bout d'une heure dans une station service (une chose a savoir : à défaut du train, les turcs ont développé un réseau de cars pour les transports inter-citées dont l'une des conséquence est la présence très régulière de stations-services importantes offrant toutes un magasin, un restaurant, une caféteria, des toilettes, etc...) et décıde de fêter le passage avec un vrai repas plutôt que l'habituel sandwich. Je prends donc au hasard une salade et un plat, et me retrouve avec une assiette présentant un mélange de piment vert et d'aubergines accompagné d'une portion de yaourt.
Moi, je suis normand : élevé à la crème fraiche et au beurre doux. Mais malgré mon apréhension, j'ai trouvé ça très bon, et même le piment est bien passé ('a 'auffe, mais 'est bon). De toute façon, mon estomac n'a guère le choix : ça ira de plus en plus fort jusqu'en Inde, alors autant s'habituer de suite.
Et je repars. Le paysage est a peu près le même, si ce n'est qu'il n'y a plus un seul plant d'olivier ou de coton en vue : en fait, tous les champs sans exception sont labourés n'offrent qu'une terre nue aux regards. Le paysage est marron. Ça simplifie le décors : le ciel bleu, la route grıse, le pays marron.




Le soir tombe, je trouve a nouveau une place dans un champs. Comme d'habitude, il est interdit de faire du camping sauvage en Turquie. Et comme d'habitude, je n'ai aucun problème pour en faire. C'est comme ça depuis l'Autriche, et ce ne sont pas les policiers turcs qui donneront l'exemple de la rigueur en matiere de loi...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Aïe Aïe Aïe, Gauthier, tu viens de nous redire que les femmes sont nettement plus intelligentes et réalistes que les hommes
Grand merci !....
Michèle