lundi 6 avril 2009

De Sivas à Erzincan

Où en étais-je ?
Ah oui, Sivas... Je suis tombé en arrivant là-bas sur un étudiant qui m'a hébergé. Lui et ses 5 colocataires vivent dans l'un des HLM près de l'université de la ville, une de ces petites zones urbaines qui poussent partout comme des champignons en Turquie : 10 immeubles tous pareils, un accès routier, un marché, une mosquée, et voilà 500 personnes logées au milieu de nul part. La croissance de la ville finira par les absorber... Ils étaient très gentils, mais à 5 ils étaient incapable de faire une phrase en anglais, alors la communications était un peu difficile. C'est quand même bizarre de voir un étudiant en commerce international de 21 ans incapable d'aligner 3 mots d'anglais... Mais ils se sont vraiment montré hospitalier, c'était bien.

A Sivas, il y a l'ancienne école (enfin ce qu'il en reste) de Kemal Atatürk : une belle architecture ancienne. C'est la première fois que je peux voir quelques vieille pierres depuis Istanbul, ça fait plaisir. Ça ressemble à ce que disait Adélaide à propos des Japonais, quand j'étais chez elle à Ankara : ils n'aiment pas les vielles choses, ils préfèrent le neuf. Ils remplacent au lieu d'entretenir. On trouve également à Sivas l'inévitable musée d'Atatürk (que je n'ai pas visité)...
Je me suis posé en ville une journée, et je suis repartis le lendemain, direction Erzincan.

Là, ça commence à se corser un peu. Pas au début car j'ai enchainé quelques étapes tranquilles de 35 ou 40 km. J'arrive généralement en milieu d'après-midi, il fait beau ou tout au moins il ne pleut pas (ne jamais sous-estimer le pouvoir caché d'un paquet de chips !), bref, tout va, c'est facile.

Par contre, depuis Ankara, je me fais tout de suite repérer comme étranger. Je crois que c'est à cause des cheveux : en ville ça va, mais à la campagne, tout le monde à les cheveux très court... On me demande si je suis Iranien, maintenant : ça c'est nouveau. les gens s'arrêtent pour me regarder quand je passe dans la rue, et donc en arrivant dans la petite ville d'Imralı, je suis abordé par quelqu'un qui m'offre le thé. Il ne parle pas anglais mais je commence à avoir le coup de main pour me faire comprendre. Il m'offre le gite et va très bien s'occuper de moi. Mais c'est le turc le plus étrange que j'ai rencontré ! Un mélange de communiste écologique protestataire qui passe pour un original auprès de ceux qui l'aiment bien et de fou auprès de ceux qui ne l'aime pas... En tout cas il est très gentil avec tout le monde et aime rendre service comme j'ai pu le constater. Il a une surprenante culture générale, me citant Victor Hugo, Karl Marx ou Socrate, mais ça part un peu dans tous les sens et il n'hésite pas à mettre en relation des choses qui n'en ont aucune : le résultat est parfois surprenant.

Il m'apprend que je suis actuellement à environ 1800 m d'altitude, et que les montagnes blanches qui décorent le paysage sont entre 2500 et 3200 m. Je n'imaginais pas être si haut !

Je vais le réaliser le lendemain. Je pars avec le soleil, et mon hôte m'accompagne sur les 15 premiers kms. Ensuite, je me lance dans les montagnes. La route monte jusqu'au col de Kizildağ : altitude affichée : 2190 m. Le paysage est magnifique, les hautes montagnes montent leurs cimes blanches jusqu'au ciel bleu, tout est couvert de neige et brille au soleil... comme sur les cartes postales ! Le soleil est très agressif et l'air est glaciale. Une fois le col passé, la route redescend rapidement puis serpente jusqu'à Refahiye... Problème : la distance Imralı-Refahiye est de 72 km, et entre les 2, il n'y a rien. Je ne sais pas si je trouverai un hôtel ou quelque chose à Refahiye, alors au bout de 50 km, je cède à l'invitation d'une navette et fait les 20 derniers km en minibus.

Le lendemain, rebelote pour arriver à Erzincan : 35 km pour monter au col de Sakaltutan (2100 m d'altitude), et 35 km pour redescendre = 70 km... sauf que cette fois, je sais que je dormirai le soir dans un bon lit. Donc je me lance pour battre mon petit record de 65 km. Les conditions sont plutôt bonnes : le soleil, les belles montagnes blanches, la route qui monte quand je suis en forme et qui descend quand je suis fatigué, un sac léger (je ne prends qu'une demi bouteille d'eau car il y a il y a toujours des sources en montagne), bref, je sens que je peux le faire. Et puis comme la veille, il n'y a rien entre les deux, hormis un petit restaurant au col (J'y déjeune vers 13h30).
Et effectivement, j'y arrive. Parti à 6H00 de Refahiye, j'arrive à 22H00 à Erzincan. Avec moins de 2 heures de pauses cumulées, ça fait quand même pas mal d'heures de marche. Trop,en fait. Je devrais être content, mais non : pour le coup, c'est un peu trop. Surtout cumulé avec le trajet de la veille : les pieds protestent et menacent de déposer un préavis de grève, les genous se plaignent... et de toute façon, à 5km/h, la journée n'est pas assez longue pour faire la distance, j'ai du marcher 3 heures de nuit pour le final (je n'aime décidément pas marcher la nuit sur la route). C'est surprenant comme 10 ou 15 km de plus en fin de journée peuvent changer la donne.
Bref, je crois que cette distance-là, je peux l'encadrer, je ne suis pas prêt de la refaire. Encore que quand je regarde ma carte, les montagnes sont loin d'être finies...
A Erzincan, je me pose encore une journée. Pour le coup c'est nécessaıire.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Hello!

Je dois te passer le bonjour de la part de Guillaume de la danse, qui suit comme nous tes magnifiques aventures! alors on a bu un verre à ta santé au Shari vari;)

bises
Sarah

Gauthier a dit…

Merci !

Bises