jeudi 3 juillet 2008

Une petite histoire slovene avant de partir

Voila, j'ai quitte Ljubjana, et j'ai pris plein sud vers la frontiere Croate. J'ai repere sur ma carte une petite route de montagne qui m'a l'air tout a fait bien : loin de l'axe routier principal, sans ralonger le kilometrage outre mesure, et avec quelques points de ravitaillements jusqu'a Rijeka, sur la cote Adriatique. Me voila donc parti. Comme prevu, je ne suis pas loin de la frontiere au bout du 2eme jour. Un peu paume, c'est vrai, mais ce n'est pas bien grave. En fait, le truc, c'est que les routes du coin ne sont pas bitumees : c'est une simple piste qui ressemble beaucoup aux simples chemins forestiers, et a chaque carrefour, les 2 ou trois panneaux indicateurs restant de l'epoque de Tito (voir pire !) n'indiquent jamais la direction que j'attends. Alors je choisis ma route a la boussole ou par deduction. Et j'ai du me gourer sur le dernier, car depuis une heure, je suis tout seul dans la foret... Depuis ce matin, je rencontrais toujours quelques voitures (qui me couvrait de poussiere blanche a chaque passage ! Saletes...), et la, plus rien. Pas grave, je continue vers le Sud : un chemin, ca arrive toujours quelque part. Donc le soir, je decide de camper non loin du chemin, toujours dans la foret.
Vers Minuit, une voiture me reveille.
Phares, coup de klaxonne.
Je connais la musique, maintenant, alors je ne m'inquiete pas -> sortir du sac, enfiler le pantalon, et sortir.
Re- klaxonne. Oui bon ca va ! J'arrive !
Effectivement, c'est bien un 4x4 de la police en patrouille dans le secteur. Une femme et un homme, jeunes, parlant un bon anglais, me demandent ce que je fais la, en me precisant que c'est interdit de rester. En fait, c'est surtout qu'ils s'inquietent pour moi : je suis a 3,5 metres de la frontiere Croates (indiquee par un vieux carre de peinture blanche sur un arbre : je croyais que c'etait un marquage forestier !), et je risque de passer en Croatie sans visa, ce qui est interdit. En plus, c'est un chemin, parait-il, regulierement emprunte par les sans-papier voulant entrer en Europe. Pour finir, ce n'est pas prudent la nuit car la foret est pleine de loups et d'ours...
J'ai 10 min pour plier la tente.
4,5 min plus tard, je suis dans leur voiture. C'est vrai que nous n'avons pas le reflexe d'y penser, en France, car nous les avons tous massacre depuis longtemps. Ca me reviens d'ailleurs que les ours que le gouvernement essaie de re-aclimater dans les Pyrenees sont des ours Slovenes... Mais je crois que les sans-papiers et leurs passeurs sont plus mechants que les ours...
Les 2 flics sont super-sympa : ils connaissent quelqu'un, a quelques kilometres, qui pourrait m'heberger cette nuit, et me conduisent a lui. C'est un type jovial, qui ne fait aucune difficulte pour me montrer son jardin afin que je puisse re-planter ma tente. Je suis encore trop dans le "coltar" pour developper la conversation a 1H du matin : je repose ma tente, profite 2 secondes d'un ciel sans nuage constelle de milliers d'etoiles (superbe !), et me rendors fissa.
Le lendemain, c'est dimanche, mais mon hote se leve tout de meme a 8 heures : cette fois, je prends bien le temps pour les civilites. Il s'appelle TONE (prononcer "Tony"), m'offre le cafe (cafe turc = super bon !) que nous prenons au soleil, et nous discutons agreablement pendant une heure : il me parle de la Slovenie, de la foret et des ours, de son ami Herve, un francais qui vit dans le Jura, etc... Ensuite il me propose de prendre une douche (j'en ai effectivement besoin apres la piste d'hier) et m'offre un verre d'un alcool qu'il fait lui-meme : une maceration de menthe et de pignes (si j'ai bien compris) qu'il ajoute a de la Grappa Italienne -> une merveille ! Et la discussion se poursuit agreablement jusqu'a 10H. Ensuite, il m'offre un second verres lorsque je parle de m'en aller, et ramene une bouteille vide qu'il remplit d'alcool et me l'offre.
Je sais, j'aurais du refuser. 1kg de verre + 1kg de liquide = surcharge. Et puis l'alcool n'est pas vraiment compatible avec mon activite...
Mais j'y avais goute, et n'ai pas eu le coeur de refuser. Donc, je me balade a present avec une bouteille d'alcool dans le sac, et j'en ai assez pour aller au moins jusqu'a Istanbul ! Tant pis, si on me demande, je ferai passer ca pour le desinfectant de la pharmacie. Obligation de service, tout est dans la formulation.
Je repars donc, en direction de l'axe routier principale, pour atteindre une frontiere gardee que j'atteindrai le lendemain, juste au nord de Rijeka.

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