Vers Minuit, une voiture me reveille.
Phares, coup de klaxonne.
Je connais la musique, maintenant, alors je ne m'inquiete pas -> sortir du sac, enfiler le pantalon, et sortir.
Re- klaxonne. Oui bon ca va ! J'arrive !
Effectivement, c'est bien un 4x4 de la police en patrouille dans le secteur. Une femme et un homme, jeunes, parlant un bon anglais, me demandent ce que je fais la, en me precisant que c'est interdit de rester. En fait, c'est surtout qu'ils s'inquietent pour moi : je suis a 3,5 metres de la frontiere Croates (indiquee par un vieux carre de peinture blanche sur un arbre : je croyais que c'etait un marquage forestier !), et je risque de passer en Croatie sans visa, ce qui est interdit. En plus, c'est un chemin, parait-il, regulierement emprunte par les sans-papier voulant entrer en Europe. Pour finir, ce n'est pas prudent la nuit car la foret est pleine de loups et d'ours...
J'ai 10 min pour plier la tente.
4,5 min plus tard, je suis dans leur voiture. C'est vrai que nous n'avons pas le reflexe d'y penser, en France, car nous les avons tous massacre depuis longtemps. Ca me reviens d'ailleurs que les ours que le gouvernement essaie de re-aclimater dans les Pyrenees sont des ours Slovenes... Mais je crois que les sans-papiers et leurs passeurs sont plus mechants que les ours...
Les 2 flics sont super-sympa : ils connaissent quelqu'un, a quelques kilometres, qui pourrait m'heberger cette nuit, et me conduisent a lui. C'est un type jovial, qui ne fait aucune difficulte pour me montrer son jardin afin que je puisse re-planter ma tente. Je suis encore trop dans le "coltar" pour developper la conversation a 1H du matin : je repose ma tente, profite 2 secondes d'un ciel sans nuage constelle de milliers d'etoiles (superbe !), et me rendors fissa.
Je sais, j'aurais du refuser. 1kg de verre + 1kg de liquide = surcharge. Et puis l'alcool n'est pas vraiment compatible avec mon activite...
Mais j'y avais goute, et n'ai pas eu le coeur de refuser. Donc, je me balade a present avec une bouteille d'alcool dans le sac, et j'en ai assez pour aller au moins jusqu'a Istanbul ! Tant pis, si on me demande, je ferai passer ca pour le desinfectant de la pharmacie. Obligation de service, tout est dans la formulation.
Je repars donc, en direction de l'axe routier principale, pour atteindre une frontiere gardee que j'atteindrai le lendemain, juste au nord de Rijeka.
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